Future of HR 2024

Les compétences au service de la valorisation du capital humain


Regards croisés entre Catherine Touvrey, DG Harmonie mutuelle et Alexandre Viros, président France Adecco Group Après avoir beaucoup parlé d’environnement, du E de RSE, les entreprises semblent désormais enfin se pencher sur le S, le Sociétal, le Social, mais aussi les Salariés et leur Santé. Contraintes, durant le covid, d’assumer leurs responsabilités juridiques et pénales concernant le bien-être de leurs employés, les organisations entrent dans une nouvelle phase de relation de confiance avec leurs collaborateurs, dans laquelle « ils veulent surtout être reconnus et appréciés pour leur spécificité, et, en tant que dirigeante, en tant que RH, nous sommes assez démunis face à ces attentes » partage Catherine Touvrey, DG Harmonie Mutuelle. La voie trouvée dans cette entreprise à mission de 5 000 salariés, pour répondre à ces demandes individualisées, à ce besoin de reconnaissance, n’est pas de partir dans un catalogue des actions individuelles mais d’avoir une certaine flexibilité, « une offre riche que nous poussons pour permettre au salarié d’aller chercher le bon dispositif, celui dont il a besoin et qui va lui correspondre. » « Passer du prêt-à-porter au sur-mesure est complexe, mais c’est ce qui fait que nous allons réussir à établir un nouveau pacte entre l’employeur et une multitude d’employés », ajoute-t-elle. Alexandre Viros, président France Adecco Group va encore plus loin : « d’une certaine manière nous sommes passés de l’Etat providence à l‘entreprise providence. Au-delà du futur du travail c’est le futur de l’entreprise que nous interrogeons aujourd’hui : la société attend de cette dernière qu’elle soigne, s’occupe de la santé mentale, corrige les inégalités, ou encore forme tout au long de la vie ». Dans ce contexte, le rôle des RH dans l’accompagnement des collaborateurs est absolument central. A propos de la formation, le dirigeant du groupe de travail temporaire explique « désormais les compétences acquises sur un métier sont obsolètes au bout de trois-quatre ans, contre trente il y a encore quelques années. Aujourd’hui un individu qui rentre sur le marché du travail va effectuer une quinzaine de métiers différents tout au long de sa carrière ». Il n’est donc plus question d’imaginer qu’un diplôme délivre un stock de compétences suffisant pour le reste de sa vie. Le salarié est autre chose que le poste qu’il occupe et les RH doivent recruter davantage en fonction des softskills qui font la spécificité de chaque être humain. « Il est donc impératif de marteler l’importance des compétences, et de leur régénération permanente » insiste Alexandre Viros. C’est une nouvelle donne que les organisations doivent intégrer. Et cet investissement dans le capital humain, lui permettra de prendre de la valeur. Les bilans comptables intègrent désormais le coût du carbone, mais dans les cinq prochaines années, ils devraient également prendre en compte le prix des compétences, « ce qui est aujourd’hui vu comme un coût devra être considéré comme un investissement » affirme-t-il. Chez Harmonie Mutuelle, Catherine Touvrey n’hésite pas à pousser ce mouvement. « Sur nos recrutements, nous avons un tiers de promotion, un tiers d’externe et un tiers de personnes requalifiées : des collaborateurs que nous poussons à changer de métier, en s’appuyant sur leurs compétences », explique la dirigeante. Il faut parfois du temps pour les convaincre de leurs capacités, mais comme il en a fallu il y a une dizaine d’années pour rassurer les femmes sur leur aptitude à accéder aux postes de direction. L’entreprise apprenante est d’autant plus indispensable que les nouvelles technologies telles que l’IA sont en train de disrupter nombre d’activités. « Il existe un potentiel de destructions massives d’emploi si on n’y prend pas garde » avertit Alexandre Viros. « Il ne faut pas être naïf mais plutôt se poser la question de l’apport de valeur de tel ou tel métier ». Voilà pourquoi, « si on veut impulser une dynamique et éviter les 25 à 100 milliards d’euros que coûte chaque année l’absentéisme en France – les chiffres sont variables - il faut créer un cercle vertueux, et permettre aux collaborateurs de préparer leur job d’après » conclut Catherine Touvrey.  
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