« Ce n’est pas l’Intelligence Artificielle qui nous remplacera mais ce sont ceux qui sauront l’optimiser. » Pour Cécile Dejoux professeure des universités au Cnam et directrice de l’Observatoire des transformations managériales et RH, il n’y a pas de fatalité, et il y a surtout un pré-requis face à l’IA pour les RH et les managers : en maîtriser le mode d’emploi.
Il s’agit en premier lieu de distinguer l’IA, ces techniques scientifiques en matière de texte, d’identification des images, de robotique, et d’optimisation des connaissances à des fins prédictives ; de la révolution de l’IA générative qui permet de bâtir des ponts entre ces quatre grands domaines, entre ces briques, afin d’atteindre le but ultime l’assistance, l’automatisation, ou encore l’individualisation et la génération, c’est-à-dire la création. Et dans ce cas, les perspectives sont incroyables.
Pour autant, « avons-nous besoin de l’IA générative pour tout ? », interroge Cécile Dejoux, s’appuyant sur les réflexions de Luc Julia. Pour ce grand spécialiste de l’Intelligence Artificielle, « si on utilise autant ces outils (les LLMs grands modèles de langage), autant que l’on utilise Google, on va faire exploser la planète ».
Voici donc, selon elle, les quatre grands usages que l’IA peut apporter au RH et qui seront porteurs de valeur ajoutée.
- L’IA comme super assistant pour écrire des synthèses ou créer des slides,
- L’IA comme générateur de nouveaux contenus. Sans oublier toutefois que c’est l’homme qui détient la créativité et que l’intelligence artificielle n’est qu’un grand « shaker » qui met en forme des données déjà existantes,
- L’IA s’adapte également au corpus de data pour permettre l’individualisation,
- Enfin l’IA générative peut combiner plusieurs outils pour qu’ils fonctionnent seuls, avec pour objectif l’automatisation.
Mais il va de soi que ces usages ne seront pas sans conséquence chez les collaborateurs. Cécile Dejoux parle même de « tsunami psychique » ! Parce que l’intelligence artificielle peut apporter une perte de sens, par exemple dans les call-centers, où les employés peuvent avoir l’impression de ne plus rechercher la réponse mais de seulement de la lire.
La responsabilité des RH est donc grande pour éviter la perte de sens, rendre acceptable la présence d’une machine meilleure et plus rapide que l’humain sur certaines tâches, et faire prendre conscience de la nécessité d’acquérir des compétences de junior pour un jour devenir senior.
« Plus vous allez former, et c’est nécessaire, vos collaborateurs à l’IA générative, plus il faudra les former au management par le care (le soin de soi, de son équipe, et de la planète) sinon on ne pourra pas rester employable demain parce que l’IA nous vole ce qui fait notre humanité. » conclut Cécile Dejoux.